Le printemps des pôetes est sur le thème ô combien intemporel des frontières. Ces frontières qui nous rassemblent au sein d’un même pays, et qui par la même nous séparent des autres et sont à la source de nombreux conflits, aussi bien internationnaux que de voisinage.
Les frontières, les barrières, nous les créons surtout dans nos têtes, car elles n’ont jamais existé dans la réalité. Certes il y a des frontières naturelles comme les fleuves, les océans, les montagnes, l’espace … mais il semblerait que cela tienne du propre de l’homme de les explorer et de les franchir ! Tout comme de les instaurer et de les défendre.
Si le groupe a besoin de zones communes pour se réunir, pour se rassembler, il est bien dommage qu’il est besoin d’instaurer ces frontières pour se créer une identité par confrontation. Nous sommes un continuum, la vie est une continuité d’assemblage cellulaires, un long fil qui relie l’ensemble des éléments, vivants ou non, à une cellule originelle.
En mathématique, j’aime bien l’image de la gaussienne, aussi appelée la loi normale, ou loi des grands nombres, qui résume assez bien notre mode de fonctionnement. Ce vocabulaire mathématique est assez troublant dans son parallèle avec les sociétés humaines. On y définit l’écart-type, aussi appelée la déviation standard, qui sert à marque la zone de normalité des données. On définit alors des seuils, sortes de frontières mathématiques, pour séparer ce qui est valide de ce qui ne l’est pas. Et suivant la valeur arbitraire du seuil, une minorité de données se trouve exclue.
Dans un autre registre, au début des années 2000, j’ai écrit une chanson sur ce thème, le désert, que je n’ai réussi à enregistrer que très récemment. J’adore le texte de cette chanson, qui me vient en jouant, de je ne sais où. Depuis des années, je joue le petit riff de guitare et de temps en temps une nouvelle phrase sort, et s’accumule aux autres pour faire des couplets, puis des refrains. Une chanson en exploration continue des possibles passages et barrières à franchir…
Cette affiche vient de là aussi, d’un espace où il n’y aucune frontière, où nos âmes traversent la vie et la mort dans un infini voyage aux limites sans cesse repoussées !
Avant les frontières n’existaient pas, pas même celle entre la vie et la mort.
Voilà ce que ça donne en couleur et en affiche. Désolé pour les daltoniens, le noir sur rouge n’est pas très accessible (j’essaierai d’y penser pour les prochaines affiches) :
Le dessin est fait sous Inkscape, le contour est tracé avec mon Polargraph avant mise en couleur à l’aquarelle.
Affiche de 1m x 1.6m
En écho à cette affiche, j’ai participé à un atelier d’écriture très intéressant avec Louis Hautefort, que j’espère reprendre dans un prochain article.